Réflexions sur le financement public de vidéos YouTube

Aujourd’hui, confiné chez moi durant la crise du COVID-19, j’ai visionné une vidéo d’Homo Fabulus sur YouTube.

La vidéo est passionnante et porte sur l’importance sous-estimée du comportement comme outil de lutte contre les maladies. Ce qui motive l’écriture de ce post est en revanche une courte phrase que Stéphane (le vidéaste de la chaîne) dit à 19’05:

On a besoin de plus d’argent pour la vulgarisation scientifique. Il faut de l’argent public pour la vulgarisation. Des chaînes comme Hygiène mentale, Le Réveilleur et Monsieur Phi sont des chaînes d’intérêt général qui devraient être financées par de l’argent public.

En entendant cette phrase je me suis mis à réfléchir sur une façon concrète de mettre un tel financement en œuvre et pour faire simple, c’est compliqué. Plus je creuse, plus je rencontre d’obstacles et d’effets pervers liés à une telle demande. J’ai donc décidé de partager mes réflexions, et j’ai sauté sur l’occasion pour en faire le tout premier billet d’un blog qui est resté bien trop longtemps au stade de projet.

Disclaimer : Ceci n’est pas une critique de la vidéo d’Homo Fabulus, ni de la chaîne en général qui regorge de contenu passionnant autour du comportement humain. Cette allusion à un financement souhaitable est d’ailleurs une parenthèse dans la vidéo et non son sujet principal.

La première étape pour rendre ce projet possible serait d’obtenir un budget. Je ne pense pas que ce soit le point le plus problématique et je pars donc du principe qu’une entité publique (par exemple le ministère de la Culture, ou celui de l’Éducation) accorde un budget annuel suffisant au financement de la vulgarisation scientifique.

Reste maintenant à clarifier un point épineux…

Les critères d’éligibilité

Pour financer la vulgarisation scientifique, il faut d’abord comprendre ce qu’elle est. Me risquant à une définition, je dirais qu’il s’agit d’enseigner et rendre accessibles des concepts scientifiques à une population n’ayant pas a priori de connaissances particulières dans le domaine en question.

Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est plutôt vague. Et ça ne s’arrange pas quand on essaye de définir quelques mot-clés dans cette définition. Par exemple, enseigner des concepts scientifiques pré-suppose un lien avec une science. Stéphane suggère Monsieur Phi, une chaîne dédiée à la philosophie, comme candidate de choix à un financement public. Mais la philosophie est-elle une science ? Certains s’offusqueront que j’ose même poser la question, tant la réponse est évidente : bien sûr que OUI|NON ! Certes, mais certains prétendent que OUI|NON.

Et quand bien même on s’accorderait sur une liste de disciplines “scientifiques” éligibles, comment associer une chaîne YouTube à une discipline ? Une chaîne peut parler de sujets diverses, plus ou moins scientifiques, plus ou moins pédagogiques, et c’est souvent cette même variété qui contribue à sa qualité.

On peut aussi envisager de ne pas avoir de liste toute-faite, ni même de critères trop définis, parce qu’une bonne vidéo de vulgarisation c’est comme un bon chasseur : difficile à définir, mais quand on en voit une on la reconnaît. Je suis complètement d’accord, mais pas lorsqu’un financement public est à la clé. On ne peut pas verser d’aide publique sans être capable de justifier le plus précisément possible les raisons pour lesquelles ce financement a été attribué ou refusé à telle ou tel. Et pour le coup je soutiens cette rigueur et cette transparence.

Et puis si on veut financer la vulgarisation scientifique, pourquoi s’arrêter à YouTube ? Il y a DailyMotion, PeerTube, les vidéos diffusées sur Facebook, Instagram, TikTok, l’auto-hébergement, etc. Et chacune de ces plateformes vient avec différentes notions de vues, d’abonnés et de likes. Et pourquoi s’arrêter à la vidéo ? Ne peut-on pas faire de la vulgarisation scientifique de qualité via un blog, un podcast ou même… Un livre ? Et pour financer un livre, doit-on tenir compte du nombre de ventes ? Un livre qui n’est pas lu n’a pas d’impact d’intérêt général, et l’absence de ventes peut indiquer une mauvaise qualité et donc constituer un critère négatif pour l’attribution d’une aide. En revanche un best-seller génère des revenus confortables par lui-même, et le financer serait probablement une mauvaise allocation de l’argent public. Et est-ce qu’on n’aurait pas le même paradoxe, dans une certaine mesure, avec les chaînes YouTube ?

Et même en restant dans le domaine des vidéos, est-ce que la science est la seule discipline qui mérite un financement public ? J’entends déjà les coachs sportifs qui donnent gratuitement des cours de Zumba en ligne vanter — à raison — l’impact social positif et l’intérêt général qu’un exercice sportif représente, surtout en période de confinement. Mais voici qu’un autre vidéaste fait remarquer que si la Zumba est subventionnée, alors il n’y a pas de raison pour que son tutoriel pour ne plus rater les nœuds de cravate n’y ait pas droit aussi…

Nous voilà donc avec un nombre de candidats qui devient ingérable et une complexité qui explose dans toutes les directions. Mais une autre approche est possible, et une institution publique qui finance des chaînes YouTube existe déjà :

Le CNC Talent

Ou par son nom complet : Fonds d’aide aux créateurs vidéo sur Internet. Un fonds littéralement dédié aux vidéos sur Internet, on pourrait presque s’arrêter là. Le site web du projet donne des détails précis sur son fonctionnement. Pour résumer, deux subventions différentes peuvent être accordées : une aide à la création plafonnée à 30 000€ pour “permettre aux créateurs vidéo un saut créatif qualitatif de leurs contenus”, et une aide à l’éditorialisation des chaînes numériques plafonnée à 50 000€ pour accompagner une professionnalisation de la chaîne. Ces aides sont attribuées après examen des dossiers de candidature par une commission de dix personnes sélectionnées pour leur pertinence dans l’art cinématographique, le web, l’entrepreneuriat, etc. Les candidats sont donc des vidéastes diffusant des vidéos sur Internet, et si plusieurs plateformes sont mentionnées, on sent facilement que cette initiative a été pensée pour les Youtubeurs et Youtubeuses : nombre d’abonnés seuil pour postuler et notion de chaîne qui revient très souvent. Ce fonds est un des nombreux budgets gérés par le CNC ou centre national du cinéma et de l’image animée, institution crée pour supporter l’industrie cinématographique française.

La nature même du CNC résout donc plusieurs problèmes soulevés plus haut. Premièrement en étant dédié à l’audiovisuel le financement des vidéos devient naturel, inutile de le mettre en concurrence avec d’autres formats comme les blogs ou les livres puisque l’institution est entièrement dédiée à l’industrie cinématographique et soutient des projets choisis pour leur nature artistique. Inutile aussi de chercher une définition de la vulgarisation ­— ou du terme “scientifique”, ou de la notion “d’intérêt général” — puisque le sujet des vidéos n’est pas un critère de sélection tant qu’il ne s’agit pas de communication purement commerciale. Quant à la plateforme de diffusion elle est aussi complètement libre, même si je regrette personnellement que le CNC joue à fond la carte YouTube, en diffusant par exemple les vidéos lauréates sur sa propre chaîne YouTube sans aucun autre canal parallèle.

Pour sortir du purement qualitatif et avoir un ordre d’idée de ce financement, je suis allé scrapper la liste des financements attribués par le CMC Talent depuis sa création en octobre 2017 jusqu’à la dernière en date. Je mets à disposition les données obtenues : sqlite / csv. On peut voir ici les montants accordés à chaque session pour les deux subventions confondues.

Commision Montant Lauréats
2019-10-15 716 500€ 34
2019-06-18 424 000€ 20
2019-04-19 399 030€ 19
2019-02-21 395 000€ 17
2018-12-13 395 500€ 20
2018-10-19 410 900€ 21
2018-06-22 340 245€ 15
2018-04-24 380 000€ 16
2018-03-19 400 000€ 18
2017-12-04 611 000€ 27

Je trouve ce budget conséquent : nous sommes sur un total d’environ 4,5M€ depuis la création du fonds il y a moins de 3 ans, et ce financement a sans aucun doute un réel impact sur la création de vidéos de qualité professionnelle dans la sphère francophone. Étant moi-même consommateur assidu de nombreuses chaînes de vulgarisation scientifique — dont toutes celles citées par Stéphane, et dont la sienne — je constate effectivement que le logo du CNC Talent apparait très souvent en début ou fin des vidéos que je regarde.

Petit détail rigolo, en regardant de plus près les attributions de la session du 15 octobre 2019, soit la dernière en date, spécifiquement pour l’aide à la chaîne :

Bénéficiaire Talent Format Montant
Courte Focale Production YES VOUS AIME - NOUVELLE SAISON 10 x 4 mn - Fiction 50 000€
Nerd Entertainment System Un Créatif 24 x 12 mn – Fiction / Animation 50 000€
StreetPress Les docus de StreetPress 6 x 12 mn - Documentaire 40 000€
We Are Updated On est prêt ! 34 x 3 mn - Documentaire 40 000€
Periple CYPRIEN 2019 4 x 20 mn - Fiction 30 000€
Zebra Production WTFAKE 12 x 10 mn - Documentaire 30 000€
Mister Geopolitix Mister Geopolitix 7 x 20 mn - Documentaire 15 000€
ÉPhiScience Aide à la chaîne “Monsieur Phi” 10 x 15 mn - Documentaire 15 000€
KHOJANDI PRODUCTIONS PARLONS PEU MAIS PARLONS 10 x 60 mn - Fiction 10 000€

On voit que Monsieur Phi a bien été lauréat, comme souhaité par Stéphane de la chaîne Homo Fabulus ! Et il se trouve que cette chaîne a aussi reçu la subvention un an auparavant, pour le même montant.

Peut-on donc considérer la doléance d’Homo Fabulus comme adressée ? Pas complètement, car le CNC Talent subventionne les vidéos pour leur valeur artistique et pour, avouons-le, promouvoir la culture audiovisuelle française dans un contexte de “résistance” à la domination anglo-saxonne. Stéphane souhaite plutôt une aide à la vulgarisation motivée par les bienfaits sociétaux qu’une meilleure diffusion des sciences représente.

L’intérêt général

Lorsqu’on parle de financer des chaînes avec de l’argent public, on parle en général de financer la production de vidéos, soit par des aides directement allouées — production d’une série spécifique, achat de matériel, prestation ou autres coûts de fonctionnement — ce qui est plus ou moins le cas du CNC Talent, soit par une aide généralisée pour permettre à la chaîne de continuer à fonctionner en rémunérant les vidéastes. Dans les deux cas, on ne parle pas d’aide à la diffusion, c’est-à-dire à maximiser l’impact des vidéos produites dans la population. Or l’intérêt général de la vulgarisation scientifique dépend beaucoup de l’exposition au grand public. Une vidéo qualitative et pédagogique pas regardée a moins d’intérêt général qu’une vidéo décente massivement diffusée. Dans le cas de YouTube on délègue en général cette tâche à la plateforme, laissant l’algorithme de recommandations donner de la visibilité aux vidéos. Mais comment garantir un alignement des intérêts avec YouTube ?

La plateforme existe pour une raison : obtenir un maximum de temps d’attention du public en faisant tout pour que les spectateurs y passent le plus de temps possible, et revendre cette attention aux annonceurs qui vont pouvoir exposer leurs produits et services. YouTube n’a jamais eu vocation à augmenter artificiellement la diffusion de vidéos de vulgarisation scientifique. Un autre effet pervers de l’algorithme optimisé pour le temps d’audience est la création de bulles de filtre, où on observe que les vidéos recommandées par l’algorithme sont similaires à celles que chaque internaute aura préalablement regardées. À cause de ce phénomène, étendre la diffusion des vidéos de vulgarisation au delà du cercle des gens qui en sont déjà consommateurs devient difficile. Et c’est problématique dans le cadre de financement public dans une optique d’intérêt général. Ni l’État, ni les vidéastes n’ont d’influence sur le niveau de visibilité qu’une vidéo aura, encore moins sa visibilité dans les milieux qui ne sont normalement pas exposés à une communication scientifique de qualité. Mais quand bien même YouTube donnerai gentiment et gratuitement un boost de visibilité aux vidéos de vulgarisation scientifique, ce sont bien les spectateurs qui décident in fine de ce qu’ils regardent. Tout le monde n’ouvre pas YouTube pour en apprendre plus sur le sophisme du procureur, l’acidification des océans ou l’existence du Moi. YouTube contient beaucoup de contenu bien plus apte à capter des audiences massives qui vont ensuite intéresser les annonceurs. C’est en premier lieu une plateforme de divertissement, et les vidéastes les plus influents comme Norman ou Cyprien le sont parce que leurs vidéos sont drôles et divertissantes. Si on fait l’analogie avec la télévision, on imagine mal TF1 caler un documentaire sur le théorème de Bayes à l’heure de The Voice.

On se retrouverait donc avec des internautes qui se voient suggérer des vidéos scientifiques dont ils n’ont pas envie, et finissent par ne plus suivre les recommandations YouTube, ou pire, fermer leur navigateur et aller prendre l’air, gâchant un précieux temps de cerveau qui aurait pu être monétisé. Et nous sommes encore dans le scénario complètement naïf où YouTube accepterait de changer son algorithme parce que le ministre de la Culture français en fait la demande. On peut tout de même espérer que cette exposition artificielle capterai des internautes qui ont un intérêt latent pour la vulgarisation mais ne sont pas encore tombés dessus. J’aurais de sérieux doutes sur l’ampleur de ce phénomène, parce que je pense que l’Algorithme aurait de toute façon trouvé ces internautes.

Or cette notion de visibilité est importante, parce que sans croissance dans la taille de la population exposée à la vulgarisation, le financement conduirait simplement à une plus grande quantité, voire qualité de vidéos pour le même cercle d’internautes, ceux qui regardent déjà des vidéos de vulgarisation. Et faisant moi-même partie de ce cercle j’ai de plus en plus l’impression d’être dans une petite famille. La plupart des vidéastes que je suis régulièrement font souvent des partenariats les uns avec les autres, la plupart des commentaires croisent les références entre les chaînes, toutes familières. Et une partie des gens que je vois sur mon fil Twitter mentionnent aussi ces vidéos, tandis qu’une autre ne les mentionne jamais et partage au contraire des vidéos de chaînes “célèbres” dont je n’ai jamais entendu parler. Cet effet de réseau a d’ailleurs très bien été analysé dans une vidéo de Fouloscopie en se basant sur les followers Twitters de ces vidéastes.

Il faut donc se rendre à l’évidence : si le pouvoir public peut subventionner la production de vidéos YouTube, il n’a aucun moyen de subventionner leur diffusion et leur visibilité, qui est pourtant étroitement liée à l’intérêt général des dites vidéos. Lorsqu’Homo Fabulus demande plus d’argent pour la vulgarisation, c’est en faisant remarquer que beaucoup de gens sont surpris du fonctionnement de la science d’“exploration” en y étant exposés pour la première fois lors de la crise sanitaire, et qu’un travail de fond aurait du être fait au préalable pour que la méthode scientifique soit mieux connue. En gros, il aurait fallu que des millions de personnes soit exposées de façon significative à la vulgarisation scientifique pendant des années. Ce souhait me parait colossal et le financement de quelques chaînes YouTube complètement en deçà de la tâche, surtout en considérant l’incapacité du pouvoir public à augmenter la visibilité des vidéos.

Et si vraiment nous souhaitons, en tant que société, avoir une base de connaissances bénéfiques qui atteigne la population de façon massive et non-discriminante, il y a une vraie bonne méthode : intégrer ces connaissances aux programmes scolaires.

Le rôle de la plateforme

Il est une question qui revient très souvent, et qui va de pair avec une potentielle aide publique : la question du modèle économique des chaînes YouTube, ou, formulé autrement, la rémunération des Youtubeurs et Youtubeuses. Le thème a été couvert par de nombreux médias, et les vidéastes eux-mêmes s’expriment régulièrement sur le sujet. En effet, le principe de YouTube est simple : les producteurs de contenu déposent gratuitement leurs vidéos sur la plateforme et les internautes peuvent regarder gratuitement tout ce qui y est hébergé de manière illimitée. Et tout cela sans qu’aucun argent n’entre en jeux. Mais YouTube (a.k.a Google) est aussi une plateforme publicitaire, et gagne de l’argent en ajoutant des publicités ciblées aux vidéos diffusées et en facturant le visionnage ou les interactions avec l’annonce. Une part de ces revenus publicitaires va ensuite être reversée aux créateurs de contenu, qui perçoivent donc une rémunération plus ou moins proportionnelle aux vues que chaque vidéo reçoit. Si ça paraît simple et juste sur le papier, les sommes effectivement versées aux vidéastes sont souvent bien trop faibles pour être considérées comme un revenu, sauf à faire des millions de vues régulièrement ce qui n’est possible pour qu’une petite minorité de créateurs et créatrices, en général sur du divertissement.

La plupart des chaînes de vulgarisation ont donc recours à l’appel au financement participatif auprès de leur public, ce qui à plusieurs égards est mieux adapté à la production de vidéos qualitatives, en permettant par exemple de dépendre un peu moins du nombre de vues. À cela s’ajoute parfois des partenariats et placements produit. Mais il est important de noter que ces sources de rémunération supplémentaires ne changent rien pour YouTube, qui continue de gagner de l’argent exclusivement sur les publicités. On se trouve donc aujourd’hui dans une situation où chaque chaîne se débrouille pour trouver un modèle économique, et utilise cet argent pour continuer à produire et diffuser des vidéos.

La conséquence est que le modèle économique de YouTube se découple de plus en plus de celui des producteurs de contenu. Grâce aux sources de revenu “externes”, les chaînes continuent à produire et ainsi à générer du trafic monétisable pour la plateforme. Celle-ci peut désormais appliquer unilatéralement des politiques moins généreuses de partage des recettes puisque les vidéastes sont rémunérés par les spectateurs tout en restant complètement dépendants de YouTube. On peut se demander si c’est normal : en tant que société privée qui profite financièrement des vidéos ajoutées, on pourrait demander à YouTube de s’assurer elle-même que les vidéastes aient un modèle de revenus suffisant pour continuer à produire, plutôt que de déléguer la tâche au contribuable. D’un autre côté, la plupart des vidéastes commencent à produire par passion, à temps partiel et sans forcément espérer en faire leur métier. Les possibilités d’hébergement, de diffusion, et de promotion algorithmique sont alors une aubaine pour ces aspirants Youtubeurs et Youtubeuses. Jusqu’à ce qu’une chaîne prenne suffisamment d’importance pour qu’un passage à temps plein devienne possible. Peut-on donc reprocher à YouTube de ne pas arriver exactement à ce moment en proposant un financement sur mesure ? Nous avons donc ici la plateforme d’une part, et les producteurs de contenu d’autre part, qui ont mutuellement besoin les uns des autres, et les conditions de collaboration se font selon un rapport de force qui évolue au cours du temps, et qui semble évidemment se déplacer vers YouTube. Mais tout cela fait partie du jeu, il s’agit simplement des règles du capitalisme et du libre-échange avec tout leur lots de bienfaits et de nuisances.

Seulement lorsqu’il s’agit d’ajouter de l’argent public dans cette mécanique je pense qu’il faut plus qu’une attitude wait and see, il faut avoir une bonne idée de ce qu’on finance, pourquoi, sous quelles conditions et avec quels risques. Et YouTube, en tant que plateforme publicitaire appartenant à un géant technologique américain, et quasiment hors de contrôle d’une régulation étatique française, ne peut pas être considérée comme un terrain fiable pour exercer une politique significative de financement public.

En conclusion